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Allez, encore un article pour que dalle...

Dernière mise à jour : 7 févr. 2019


Bruit Noir. Photo DR.

…alors pas envie d’en faire trop. Pas envie de suer avec les mots. Le titre de Bruit Noir est trop rageur pour, après chaque écoute, ne pas me laisser envahir par cette nausée chaque jour plus prégnante de voir toujours les mêmes invités phraseurs dans les émissions dites culturelles ; pour ne pas me souvenir qu’une présentatrice du 20h ou qu'un homme d’affaires ont un jour pris possession d’une scène de théâtre pour engraisser encore davantage leur ego et se faire applaudir par des crétins venus par cars entiers gonfler les comptes en banque de l’imposture. Au point où on en est de la fumisterie, je crois que je ne serais même pas surpris d’apprendre un jour que le docteur préféré des Français sorte, à grands renforts d’invitations dans les émissions pour retraités en mort cérébrale, un album de duos avec l’ex-femme d’un footballeur finalement plus célèbre pour lui avoir mis le grappin dessus que pour ses relances ou ses tacles glissés.


En 1999, Fight Club, de Chuck Palahniuk, nous extirpait de la torpeur consumériste dans laquelle le monde plongeait au point de devenir bientôt invivable. Inhabitable.

Demain 1er février 2019 sort le second album de Bruit Noir, duo cold wave minimale tendance acide et sarcastique formé par Pascal Bouaziz et Jean-Michel Pires.

Le titre d’ouverture s’appelle "Le succès". Il nous invite à inhaler sans filtre médiatique les vapeurs d’une époque déjà irrespirable et nous sauve un temps de l'enfumage.


C’est punk, froid – très froid –, saignant, rêche, dépeuplé, extrême, hors-catégorie, aussi hypnotique qu'une plaquette entière de Stillnox ou qu'un Joy Division en mode sépulcral. Et très brutal. Mais sainement brutal. Je me retrouve dans ce titre comme j’y retrouve mes amis ou connaissances auteurs, scénaristes, musiciens, comédiens, artistes visuels, photographes, réalisateurs… mais aussi les autres, comme mon caissier du supermarché du coin, cultivé et intelligent, une bonne gueule et de l'humour, trente-cinq piges à tout casser, évidemment pas à la place qu’il devrait occuper ; ces personnes qui en somme n’ont pas "la carte", le réseau, les faveurs de leur supérieur, qui ne pensent pas comme on leur a dit de penser et restent sur le côté, sans visibilité malgré leur talent ou leur qualification, n'ont pour défaut que d'être trop comme ceci ou pas assez comme cela – comprendre : trop vieux, trop jeunes, trop décalés ou – pour les filles – pas assez salopes ; comprendre trop vifs ou trop inventifs pour qu’on les embauche ou que leurs collègues leur adressent la parole. Normal. Ça ferait de l’ombre aux petits puissants. Ça les ferait vaciller, se remettre en question. Ça les ferait nous rappeler quand on leur envoie notre travail ou quand on leur en demande.

Alors pour nous soulager du mépris de ceux qui n’ont pas vu votre lettre, pas eu votre message, pas trouvé votre site, vous êtes sûr qu’il fonctionne ? pas eu le temps de venir vous voir jouer, de venir à votre expo, de lire ce que vous avez écrit, il paraît que c’est bien, non désolé il n’y a que ça, c’est à prendre ou à laisser, pour vos articles, c'est pas payé, hein, ouais, c'est pour la gloire, vous êtes content de travailler pour nous ?, pour nous venger de toutes ces conneries qu'on a entendu un jour et qu'on continuera d'entendre, Pascal Bouaziz et Jean-Michel Pires scalpent de notre part ceux (et ça fait du monde, à la longue) qui ont la carte et nous prennent pour des truffes. Les chiens de la casse ont le Bruit Noir qu’ils méritent.








V.G. / 2019

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